Cette quinzaine de jours ponctuées par des averses à répétition, où d'épais nuages sombres se déchirent le temps d'un court instant, pour laisser traverser les rayons d'un soleil caché, révèle en ce moment une intense polychromie dans notre ciel bourbonnais.
Les bleus, les verts, les jaunes passent en quelques secondes la palette de tous leur camaïeu dans les flots, les feuillages et les sables de ce paysage de rivière. Les ambiances sont bipolaires, tantôt grises, nuageuses, presque tristes, tantôt festives, colorées de pastels, donnant envie de mettre le nez dehors.
C'est qu'une chose est sûre : il en fallait de la pluie ! Cette ressource rare et précieuse qui verdie et dynamise les prairies, arrose les cultures, redonne un niveau correcte à l'Allier, ne donne pas cette même chance aux oiseaux migrateurs de continuer sereinement leur remontée migratoire : les hirondelles par exemple, les martinets, les tariers, les rossignols et autres fauvettes ont d'ores et déjà besoin d'insectes pour finir leur voyage et/ou entamer leur reproduction.
Or, peu d'insectes éclosent sous la pluie, le vent et le froid...
D'autres oiseaux au contraire, semblent moins préoccupés par les pluies rafraîchissantes et les temps tourmentés de ces derniers jours.
Avril est le mois traditionnel pour revoir au dessus de l'eau le Balbuzard pêcheur en prise avec un poisson. Lui se préoccupe plus des couples de Corneilles noires qui le harcèlent partout où il fait escale depuis son retour d'Afrique. Ce splendide rapace piscivore au tempérament pacifiste pourrait, dans les années à venir, si la forêt alluviale et sa tranquillité perdure, si la ressource en poisson est pérenne, peut-être installer un jour son nid imposant dans un énorme peuplier ou chêne centenaire. Le balbuzard serait alors un formidable acteur de la biodiversité en Val d'Allier.
L'Aigrette garzette, elle, chargée de ravitaillement pour l'un des nids de la héronnière, traîne sur le bord des grèves à la recherche de petits poissons, sans se soucier de l'abondance de précipitations.
Le Petit gravelot commence, quant à lui, à s'éloigner des bancs de sables où les pluies "lessivent" peu à peu ses "proies insulaires" et vient, en opportuniste, dénicher les "invertébrés bocagers" sur les chemins des prairies avoisinantes.