dimanche 7 octobre 2012

De septembre à octobre...

Cette période charnière joue un rôle important pour les acteurs de la vie sauvage qui s'animent en ce moment autour de nous, dans des milieux riches et variés. Les uns glissent à tire d'ailes vers le Sud, ceux qui restent profitent des fruits saisonniers et des derniers insectes disponibles, d'autres encore, entament leur période de reproduction et font raisonner dans les forêts profondes, le cri de leur engouement amoureux. Ces scènes de vie se succèdent, se superposent, et ne pourraient offrir aucun répits à l'observateur assidu qui désire assister à l'ensemble de cette pièce automnale.
Les balbuzards ont largement plané au fil de l'eau ; mouettes, goélands, courlis, vanneaux, aigrettes et cormorans profitent comme chaque saison du grand corridor écologique qu'est l'Allier avec ses ressources encore abondantes.
Dans le bocage et partout où il y a des chênes glandeurs, les geais s'activent à leur petite cachotterie, déplaçant, dispersant, disséminant les glands et autres fruits secs d'arbres qui auront bien voulu être généreux. Leurs va-et-vient incessants permet de constater qu'ils sont cette année en nombre et très actifs.
Pendant ce temps, en forêt, le brame du cerf agite les coeurs et les esprits, et pas seulement ceux des biches. Des bipèdes sortent le soir en nombre pour écouter le cri d'amour du cervidé qui se fatigue à éteindre avec son rugissement nocturne le feux intérieur qui le consume durant cette période. Il est vrai que le spectacle est touchant, bruyant et parfois brutal mais nous rappelle que la bête à cornes fait bel et bien parti du bestiaire forestier.













mercredi 15 août 2012

La grève aux oiseaux 2

A la suite de la crue printanière, certains oiseaux ont malgré tout renouvelé leur ponte sur les bancs de sable de la rivière sauvage. Les effectifs moins importants que pour la première tentative ont permis d'assurer tout de même un minimum de reproduction pour ces espèces sensibles. L'année prochaine sera peut-être meilleure... En attendant, les sternes sont déjà reparties, via l'Allier et la Loire jusqu'à l'océan avant de filer vers le Sud, les oedicnèmes se regroupent par dizaines au milieu des îlots maintenant végétalisés, reste encore les petits gravelots, les chevaliers guignette et culblanc, les aigrettes garzettes et les courlis pour animer les plages.
Avant cette désertification saisonnière programmée, voici un petit résumé de ce qui s'est passé cet été sur la grève aux oiseaux :

 Les couples de sternes pierregarins s'installent, éparses car la place le permet, et préparent leur petite dépression dans les graviers en attente d'une ponte secrète...

 Les parades de sternes sont une démonstration de dextérité aérienne...

Quant aux chorégraphies terrestres, elles sont toutes aussi spectaculaires !

 Les plongeons sont des moments de pêche amphibie, beaucoup sont nécessaires à la capture d'un poisson.

 Pendant que les uns couvent, les autres ravitaillent en nourriture... et les rôles s'inversent de temps à autre !

Les oeufs sont soigneusement cachés au milieu du désert de cailloux... (mais ne les cherchez pas, ils ne sont pas sur la photo !)

La sterne naine pourrait-elle un jour être accusée de vider les rivières de leurs alevins ?

Poussin de sterne pierregarin et sa couleur gris-galets de camouflage.

Cette jeune sterne possède déjà le bec rouge caractéristique des pierregarins.

Oedicnème criard sous averse et sur tapis de sable chaud.

Poussin d'oedicnème criard... à moins que ce soit une branche ! une souche ?

Portrait d'un jeune oedicnème dans sa jungle rase.


Le petit gravelot n'a pas son pareil pour dénicher les petits invertébrés cachés ou échoués sur les galets.

Il m'a semblé voir passer un poussin de petit gravelot...!

Pas plus haut qu'une herbe !

Toilette de petit gravelot à deux doigts d'une falaise ! ...aussi micro soit-elle !

Bientôt le départ ?

Début Août, les cigognes blanches descendent de leur plateforme haut perchée et fréquentent à leur tour les grèves, mais ce n'est que provisoire...

Pour les oedicnèmes, les rassemblements post-nuptiaux se font à l'abri des regards, au sein des îles légèrement végétalisées.

Courlis cendrés dans leur décor estival.

dimanche 8 juillet 2012

La falaise aux hirondelles

Voici un milieu particulier, que la rivière façonne en certains endroits de son cours, précisément dans les virages de ses méandres, et qui offre à pas moins de trois espèces à plumes, une falaise abrupte de terre et de sable accumulée en couches, lieu propice pour mener à bien leur reproduction. Cette falaise d'érosion est en effet un micro milieu temporairement colonisé par des oiseaux cavernicoles comme l'Hirondelle de rivages, le Guêpier d'Europe ou le Martin-pêcheur. Ces oiseaux affectionnent cette zone sableuse située sous la terre prairiale riche en  racines et en humus, dans laquelle ils creusent, tels des terrassiers, leur tunnel ovale jusqu'à une pièce plus élargie, chambre où les oeufs sont couvés. Les hirondelles et les guêpiers cohabitent volontiers ensembles sur la même portion de falaise, les couples de martin-pêcheur choisissent eux, un endroit à l'écart, caché dans la végétation. Tous, rappelons-le, sont tributaires des crues tardives (comme se fût le cas cette année) qui noient les galeries et décrochent des pans entiers de falaises. Il en a toujours été ainsi. Mais partout où une falaise d'érosion recule, grignotée par un courant toujours gourmand, une zone de dépôt apparaît en face, posant ainsi les fondations d'une future et lointaine prairie. Mais le processus est long, très long, sans doute pas à l'échelle humaine... un début de prairie, appelée plutôt "pelouse sèche", naîtra lorsque des plantes pionnières auront poussées sur les graviers, fixant les bases d'un sol. Grâce aux apports réguliers de sédiments provenant de la rivière et de la matière organique laissée sur place, un sol se construira peu à peu avec des successions végétales évoluant petit à petit vers une forêt alluviale, qui à son tour subira un jour, l'inévitable érosion fluviale !


 Après le passage de la crue, les hirondelles s'affairent à creuser de nouveau leur terrier.

Les hirondelles choisissent pour creuser cette deuxième couche que l'on voit dans la coupe.

...il en va de même pour le guêpier !






Parfois posté à l'entrée de son terrier, le guêpier scrute les libellules qu'il peut aisément attraper.

lundi 18 juin 2012

La grève aux oiseaux

Une fois de plus, l'Allier nous a montré son caractère sauvage en atteignant au début du mois un "joli" niveau d'eau, inondant par endroit les prairies, grignotant sur d'autres les falaises, arrachant par ailleurs arbres morts... ou vivants ! Cependant, le terme "joli" ne semble pas être le mot adéquat que pourraient partager tous les oiseaux qui peuplent les grèves. J'entends par "grèves", ces bancs de sable et de graviers qui se profilent en îles dès que le niveau d'eau baisse. Cette année, la crue aura emporté avec elle les premières couvées de sternes, d'oedicnèmes, de petits gravelots, de chevaliers guignettes, celles des hirondelles de rivages, des guêpiers, martin-pêcheurs et des bergeronnettes. Comme dirait l'autre, "C'est le jeu ma pauv' Louisette !" Ceux qui pondent au sol, sur les talus, sur les embâcles, comme ceux qui ont leur maison trop près d'une rivière savent qu'un jour ou l'autre, la rivière se présentera à leur palier. Les premiers l'acceptent et s'adaptent en pouvant assurer une ponte de remplacement, les seconds ne le comprennent pas toujours et se persuadent qu'il faut la mater, la colmater, l'endiguer, enrocher, bétonner... ils n'écoutent pas la fluviale sauvageonne et ne lisent pas celle qu'elle peut écrire dans le paysage. Mais intéressons-nous plutôt à un de ceux qui la vivent assidûment et qui l'on choisit pour zone de reproduction.

Aussitôt que les îles apparaissent, leur sable encore humide est piétiné par les grandes pattes jaunes du couple d'oedicnème criard... peut-être reparti pour une seconde tentative.

L'élégance de l'oedicnème : ou l'astucieux mélange entre une robe de camouflage et une touche colorée, accessoire de séduction.

Les parades spectaculaires et bruyantes de l'oedicnème criard sont des moments émouvants de la vie de la rivière. Au soleil tombant, les danses de séduction commencent, agrémentées de son fameux "turrrluuu" très sonore, audible durant les nuits d'été.


Le mâle d'oedicnème conclut ses gesticulations amoureuses en mettant en évidence son croupion orange-pâle aux yeux de la femelle à séduire.


Les deux oeufs présents sur la photo témoignent de l'incroyable mimétisme de cette espèce adaptée aux zones sèches et chaudes à végétation rase. Elle trouve ici une zone parfaite pour sa reproduction : tranquillité, insectes à volonté, couleur raccord avec le camo. Plus rien ne peut menacer la ponte... sauf peut-être le piétinement d'un homme, d'un quad ou d'un campement insouciant, chose malheureusement pas rare sur la rivière...